WEEK-END DE PEINTURE EN PLEIN AIR
Dossier de presse
PEINTRES. IMPRESSIONS. VEULES-LES-ROSES
Week-end de peinture en plein air à Veules-les-Roses (Normandie) 14-15 septembre 202
Le temps d’un week-end, une immersion artistique en Normandie
Depuis la percée impressionniste sur la Côte d’Albâtre, les peintres ne désertent plus les sites naturels pittoresques entre Le Havre et Dieppe.
Le temps d’un week-end, plusieurs dizaines des peintres professionnels qui aiment travailler sur le motif plantent leur chevalet dans les ruelles de Veules-Les-Roses. Pas de choix des thèmes imposé. La technique utilisée, la taille et le nombre d’œuvres réalisées sont à la discrétion de chaque artiste. Néanmoins, cinq sites remarquables du village sont suggérés pour être portés sur les toiles – le Vieux Portail, les Cressonnières, les Moulins, la Plage, le Village.
Le vieux portail est une vedette de la journée, puisque le tableau éponyme a été réalisé sur le motif il y a juste 150 ans par Vassily Polenov. Cette belle étude a inspiré l’artiste à créer un tableau plus grand qui est devenu une œuvre majeure de la collection de paysages conservés désormais au Musée Russe à Saint-Pétersbourg.
La Normandie, avec son air humide, son ciel en constante évolution et ses marées était la principale école de plein air pour Alexeï Bogolioubov, le premier peintre russe venu au XIXème siècle sur les côtes crayeuses de La Manche. Ses croquis de paysages de Veules-les-Roses, Dieppe, Fécamp, Etretat, Honfleur, Trouville rappellent la fraîcheur de perception qui caractérise les œuvres de Daubigny, Boudin et des impressionnistes.
Veules-les-Roses a été une pépinière artistique pour ses amis et disciples: Vassily Polenov et Ilya Répine, C’est ici qu’ils aiguisaient leur maîtrise de la peinture de plein air. Répine a qualifié son séjour à Veules comme « la troisième grande leçon de peinture », après ses séjours sur les bords de la Volga. C’est également ici que Vassily Polenov a affûté son talent de peinture en plein air. Il affirme qu’en peignant sur motif à côté de Bogolyubov, il a « appris en quelques heures plus qu’en travaillant tout seul pendant des mois »
Vieux Portail à Veules-les-Roses, en 1998
Vassily Polenov. Le vieux portail à Veules, Normandie. 1874. Musée russe
La Normandie inspire l’art de la peinture en plein air
« Dès le premier matin, je suis plongé dans le champ : le sol était mouillé par une pluie légère ; des hauts épis de blé et de riz me cachaient l’horizon ; seuls des flocons de nuages blancs filaient dans le ciel bleu foncé et grisâtre, et le sentier étroit était tout parsemé de fleurs sauvages et de coquelicots – charmant, charmant ! Et quel air délicieux ! On respire profondément, facilement… Les paysages s’ouvrent à chaque détour, et leur diversité est extraordinaire… »
Cet extrait d’une lettre du peintre russe Ilya Répine ressemble à une étude de plein air, un croquis sur le motif. La lettre a été écrite à Veules-les-Roses en juin 1874 et adressée à son« un ami du pinceau » Vassily Polenov. Ils existent dans l’univers des coïncidences étonnantes : en avril 1874, à Paris se tient la première exposition des futurs impressionnistes, quelques mois plus tard, des artistes russes, alors pensionnaires de l’Académie impériale des arts, découvrent l’art du plein air. Fait remarquable que cela se soit produit en Normandie, qui a inspiré Claude Monet, Auguste Renoir et Eugène Boudin.
Quelle est la particularité de la « peinture en plein air » ? Il s’agit de peindre à l’extérieur, sans esquisses préalables en atelier, avec des peintures pures mélangées directement sur la toile. On y trouve un coup de pinceau dynamique et rapide, dans le style vif croqué. Dans la peinture européenne, les pionniers du plein air furent les maîtres anglais John Constable et Richard Bonington. Au milieu du XIXe siècle, la peinture en plein air se généralise en France grâce à Camille Corot, Johan Jongkind, Eugène Boudin, peintres de l’École de Barbizon et les futurs impressionnistes.
En 1857, Charles Daubigny, l’artiste proche de l’École de Barbizon, fut le premier parmi les maîtres français à peindre les bords de la Seine et de l’Oise, depuis son bateau-atelier. Et en Russie, presque 20 ans plus tôt, les frères Grigori et Nikanor Tchernetsov avaient fait en 1838 un voyage le long de la Volga sur un navire spécialement équipée d’un atelier. L’un des frères a peint la rive gauche du fleuve, l’autre la rive droite. Malheureusement, il ne reste que des fragments et des croquis de l’immense panorama de la Volga, fruit de ce voyage (conservés désormais à la Bibliothèque nationale de Saint-Pétersbourg).
Cependant, le premier véritable artiste de plein air russe fut Alexeï Bogolioubov (1824-1896). Il a écrit la première page normande de la peinture russe. « Artiste-marin», comme Bogolioubov se qualifie lui-même, pensionnaire de l’Académie Impériale des arts, l’artiste découvre les côtes de la Manche à l’été 1857. Son ami et voisin de Montmartre Eugène Isabey lui conseille d’aller dessiner à Veules-les-Roses.
(Extrait d’un essai de Tatiana Mojenok-Ninin « La peinture de plein air dans l’œuvre des peintres russes)
Veules-les-Roses, un lieu prisé des artistes
Vassily Polenov (1844 – 1927) s’est rendu en Normandie en 1874 et c’est ici qu’il a peint plusieurs études admirables : « Le vieux moulin », « Cheval blanc », « Le vieux portail à
Veules » (le prototype d’un tableau plus important qui est devenu très célèbre et est exposé aujourd’hui au Musée Russe à Saint-Pétersbourg). À Veules-les-Roses, il n’a passé que quelques semaines, mais ce séjour fut très fécond. La Veules est connue pour être le plus court fleuve de France (sa longueur n’atteint que 1100 m) sur laquelle ont été construits 11 moulins dont trois fonctionnent toujours. L’architecture de Veules-les-Roses avec ses bâtiments du XIXème siècle bien préservés est typique des stations balnéaires du Nord-Ouest du pays. Cette ville située sur les collines, le long d’un cours d’eau rapide, jouit d’un charme tout particulier.
Alexandre Liapine, le petit-fils de Vassily Polenov, a longtemps cherché les paysages peints par son célèbre aïeul. Une fois venu à Veules-les-Roses il fut tellement touché que, fidèle aux traditions de la famille, il revint plus d’une fois dans ce village pittoresque. Grace à lui, une des rues de Veules-les-Roses a été ornée en 2005 d’une plaque dédiée au passage des peintres russes. Après sa mort, sa nièce Natalya Polenova, l’arrière-petite-fille du peintre, a pris le relais. Aujourd’hui, c’est elle qui dirige le musée Polenovo (dans la région de Toula près de Moscou). Elle promeut, avec ses collègues, les œuvres de Vassily Polenov auprès du grand public y compris à l’étranger. Elle a noué une relation étroite avec la mairie de Veules-les-Roses et une convention de coopération a été signée le 26 janvier 2015.
Dans le cadre de cet accord, le 11 juillet 2015 à Veules-les-Roses a été inauguré le Square Vassily Polenov. La coopération entre l’Association Vassily Polenov et la mairie de Veules-les- Roses ne se limite pas à cette inauguration. Toute une série de projets sont en cours de discussion : résidences de peintres français à Polenovo et résidences de peintres russes à Veules-les-Roses, élaboration d’un circuit touristique dans la ville pour montrer les endroits peints par les artistes russes. Ce type de projets communs poursuit la tradition des échanges culturels franco-russes